C’est écrit, ce soir je laisse vagabonder mon esprit au bord du zinc. Je défie la pesanteur. Je me mets la race. Je décramponne. Je me déconnecte. Je m’extrais du monde.
Demain, je n’aurais plus qu’à additionner les tickets de carte bleu pour savoir combien de litres a duré ma traversée du désert et dans quelle démesure j’ai enrichi le patron du Lucifer. Je regarderai se dissoudre lentement, trop lentement, les Efferalgan qui m’aideront à me rendormir en passant outre ce foutu mal de crâne. Autant de fois qu’il le faudra, je vais rappuyer sur le bouton de ce radio réveil pour prolonger cette nuit en plein jour. Il faudra bien ça pour soigner ma bistro-entérite.
Ce soir, je me couche quand le jour se lève. Aujourd’hui, c’est mon petit grand soir à moi. Je défraie la chronique, je me déclare la guerre. Je suis indestructible, incouchable, impérial. Par ici les grands verres. Patron, c’est ma tournée. Avé comptoir, ceux qui vont vomir te saluent.