C’est un fait. Je n’ai jamais supporté qu’on me touche les pieds. C’est tout sauf érogène, ces trucs-là. Ça sert à marcher, à foutre des coups de pieds au cul des malotrus, à enfiler des baskets pour cramer des toxines, à se cogner nus dans les coins de meuble pour se souvenir qu’on est bel et bien vivant, à passer les vitesses sur une moto, à tenir debout… c’est tout.
Personne n’a le droit de toucher à mes pieds.
Sauf ma podologue. Qui a les mains douces, et qui les manipule avec délicatesse. Ça me fait penser, que les podologues ont sans aucun doute une vision erronée des pieds, et surtout de ce qui les habille. Je parierai mes deux pieds que les podologues ne voient que des chaussettes toutes neuves. Personne n’ose aller chez la podologue avec des chaussettes trouées. On a tous des chaussettes qui laissent entrevoir de grosses patates, qu’on porte pourtant à longueur de semaine, parce que personne ne voit nos orteils s’affranchir de ces bouts de tissus confortables. On les met et on les remet, sauf quand on va chez la podologue.
Ben moi, je les mets, ces chaussettes trouées, tout particulièrement quand j’ai rendez-vous chez ma podologue, ne serait-ce que pour lui montrer que je suis quelqu’un de normal…