Allongé sur son canapé, il écoute passer les rares voitures dans sa rue. Au bruit de leur moteur se mêle celui des larges flaques d’eau tourmentées par le passage des roues. Il les imagine se reformer au milieu de la chaussée, devant sa fenêtre, en quelques instants. Il se dit que dans deux heures, celui qui est au volant de cette auto peut très bien être à 150 kilomètres de là, sur l’autoroute, en direction de l’océan, de Clermont-Ferrand, ou de Paname. Et lui il reste là, vautré dans ses coussins, enveloppé d’une couette douillette, devant une télé muette, le dernier album de Zenzile en bruit de fond, sans même la volonté de se lever pour changer de cd, aller jusqu’au frigo ou vider le cendrier. Monte alors en lui une bonne grosse envie de se mettre derrière le volant de sa voiture, de démarrer en trombe et pleins phares, rien que pour aller déboucher l’horizon. Demain peut-être.