Un jour, elle se glissera dans un grand bain chaud, un dimanche soir, après un week-end chargé. Elle plongera ses oreilles dans l’eau et au loin, tout au loin, entendra ses enfants se chamailler dans la chambre d’à côté.
Alors, lui reviendront en mémoire ces instants où petite, elle s’enfonçait dans l’eau pour n’entendre qu’au loin les mots de sa mère puis ceux de son père qui lui demandaient de sortir de la baignoire pour vite se mettre en pyjama ; et aussi les hurlements de ses frères à propos de la maison en Lego qui était toute cassée.
Elle se dira qu’ils avaient de l’importance ces instants-là. Que quelque part, ils l’ont construite. Comme les discussions enflammées de ses parents et de leurs potes qu’elle captait, dans un demi-sommeil, alors qu’elle s’empaffait dans le canapé, tard le soir. Comme ces bribes de mots qui la berçaient en même temps que le bruit de la voiture, en rentrant au milieu de la nuit. Elle se souviendra de la tête de son petit frère endormi sur son épaule à elle, dans la pénombre de l’habitacle, de maman qui conduisait et de papa qui refaisait le monde sur le siège du passager.
Pour l’instant, sa mémoire imprime doucement mais sûrement, et elle n’en a pas encore conscience. Toutes ces réminiscences, ce sera pour plus tard.
Pour l’instant, il faut qu’elle sorte du bain, et qu’elle se mette en pyjama fissa.