Certains matins, comme celui-là, il se réveillait orphelin. Abandonné de tous. De sa belle qui avait choisi de déployer ses ailes, de ses enfants qui la veille avaient voulu lui montrer qu’ils étaient bientôt des adultes comme lui, de ses petits chefs soucieux de faire savoir qu’ils gagnaient plus que lui et que ce n’était pas pour rien, de ses amis qui avaient choisi un autre chemin que le sien.
Devant un café noir, il cherchait en vain des repères, des points de chute. Il savait ce qu’il lui restait à faire. Faute de mieux, il marcherait ces deux kilomètres qui le mèneraient là où il allait s’adosser à ce chêne centenaire. Assis, il regarderait vagabonder les ombres sur le sol en écoutant le temps passer. Il s’abandonnerait lui-même, en attendant que ça passe, avec cette pensée en tête : tout s’arrange toujours, même mal…