Ça lui arrive encore de temps à autre. Au moindre caillou dans sa chaussure, si petit soit-il, c’est là-bas qu’elle se télétransporte par la pensée. Sur ce gros caillou dans l’eau, que la marée isole toutes les douze heures vingt cinq minutes au moins. Il y a là une cheminée, un grand canapé. Des bougies un peu partout, que les soupçons de courants d’air font gentiment vaciller les soirs de grand vent.
Elle s’y voit seule, quelque fois accompagnée, loin de tout, loin de tous, un verre de vin à portée de main, apaisée, libérée du bruit du monde. La fameuse possibilité d’une île.
Ce joli songe ne dure jamais bien longtemps. Le temps de faire disparaître, d’une manière ou d’une autre, ce foutu caillou de sa chaussure.