sur un fil
Il s’affairait au fond de sa boutique à concocter une poudre de paillettes qui viendrait illuminer ses masques quand l’homme est entré. Il avait l’air réservé, intimidé. Il l’a regardé s’approcher de l’établi, d’un œil distrait. Il s’est dit : « Encore un qui veut jouer la partition d’Eyes wide shut mais qui n’ose pas… »
De façon naturelle, la discussion s’est engagée. Ce client inconnu avait un peu de mal à exprimer sa requête. Il avait les yeux rivés sur les marionnettes de bois qui peuplaient le plafond de ce petit atelier. Comme fasciné. La demande qu’il lui fit était inédite.
Le faiseur de Pinocchio l’écouta attentivement, fasciné à son tour. Quinze jours plus tard, il livrait une commande unique à ce client unique. Deux pantins représentant un homme et une femme. Les deux marionnettes avaient la particularité de tenir chacune, de leur main droite, les fils qui permettaient de faire se mouvoir l’autre des personnages. Un couple sur un fil. Deux destins croisés qui, autant que possible, allaient passer leur vie à éviter les nœuds, liés l’un à l’autre pour le restant de leurs jours.
