Il est entré dans cette église moderne en traînant les savates. N’a pas pris la peine de tremper le bout de ses doigts dans le bénitier, ni même de se signer. Il a regardé les premiers rangs clairsemés. S’est installé dans le fond, sur les larges bancs en bois exotique. Las, il a attendu que l’office débute. Il a attentivement écouté l’homélie, a pris la peine de se lever quand l’assistance s’est dressée comme un seul homme. Ce flot de paroles débité sur un ton monocorde par l’abbé ne l’a pas convaincu. Il a jeté un œil sur le confessionnal qui ne servait plus qu’à entreposer les bouteilles de gaz servant à chauffer la sacristie en secouant la tête. Il a laissé s’échapper un de ces soupirs qui en disait long sur la vacuité de ce sermon.
En ressortant d’ici, Jésus s’est dit qu’il avait plutôt bien vieilli. Même lui n’y croyait plus. Et encore une fois, il s’est senti trahi.