Pour le tout dernier office, les fidèles ont été invités à entasser les chaises dans un coin du transept. Désormais, elles ne serviraient plus.
Ainsi vidée, la nef avait pris un nouveau volume. Sur les larges carreaux de pierre, lissés par des siècles de procession, on dansait maintenant. Débarrassé et collé au mur pour y installer les tireuses à bière, l’autel en voyait de toutes les couleurs : blondes, brunes, ambrées…
Le chœur de cette église, où avait pris place un immense comptoir en bois d’époque 1900 orné d’une barre en laiton poli qui avait retenu bien des chutes, accueillait des apôtres d’un genre nouveau… Dans ce bar, les glacières regorgeaient d’alcools plus ou moins forts. Le vin de messe avait disparu au profit de douceurs bien plus républicaines, que l’on partageait dans l’insouciance d’une vie sans dieu. Et on était bien.