Nos retrouvailles ne sont plus que physiques. Sa mémoire a dû s'échapper avec l'eau du bain que lui donnent, une fois par semaine, les aide-soignantes. Noyée dans le courant de la sénilité. Échanges superficiels sur le temps qui passe, sur le temps qu'il fait et « je vais avoir quel âge cette année ? »
Propos de météo, réminiscences rares et salutaires. Parfois, il se rappelle mon prénom, souvent non.
Lui, comme les autres, devait pourtant avoir son lot de souvenirs qu'il espérait imputrescibles. Ils fondent comme un sorbet au micro-ondes, dans son dernier foyer de vie. Épargnez-moi cela. Je veux mourir avec mes souvenirs.