assez

J'avais fini par me défaire de cette néfaste habitude de la chasse en tapis volant à milles pieds au dessus la couche nuageuse, où j'avais appris l'inconsistance cotonneuse de mes prises. Safaris célestes sans illusion. Je pêchais désormais mes rêves en eaux vives. L'océan était devenu un terrain de jeu sans comparaison.

Ils arrivaient de l'horizon, d'un pays sans raison. Comme je les aimais. Une fois ferrés, je les emprisonnais dans mes filets, les ramenais jusqu'au rivage, avant de les soupeser puis de les relâcher, histoire qu'ils profitent ensuite à d'autres que moi.

Eux comme moi ne conservions de cette furtive rencontre que la salvatrice et douloureuse cicatrice de l'hameçon au fond de la gueule, avant de repartir frayer dans les fonds marins de la rédemption. C'était assez pour me rendre heureux tout un matin.

assez