danser

Ondulant sur un cube, au comptoir d'un pub, rivés à une barre de fer, au milieu de la clairière, ils ne font que faire, pour la beauté du geste. Rien de plus intime. Ils vont par deux, par huit, ou bien ils sont innombrables, juste en tas ou cadenassés dans une ronde universelle. Au pas, ou pas. Câlins ou mutins, ils bougent, s'ébrouent, remuent de tous leurs membres, se cambrent... Piétinent de douloureux souvenirs, remballent une rancoeur inaudible, transpirent le désir frais et puissant d'une heure à venir. Canalisent d'indécentes pulsions, libèrent des péchés mignons, cristallisent d'évanescentes sensations. Ecrasent ou encensent le passé, chahutent le présent, jouent leur avenir. Fabuleux exutoire, même au bord du trottoir.

Rien n'est plus fascinant que ces mouvements inutiles et langoureux d'une transe toute personnelle, que cette exaltation à peine contrôlée, tellement sensuelle. Qu'ils pogotent avec la vie, qu'ils se l'approprient seuls dans le petit couloir de l'appartement, qu'ils s'enlacent lascivement dans le salon à la lumière des bougies, finalement, c'est la même chose. Les gens qui dansent ont tous quelque chose à dire.

danser