le monde
Tout avait bien commencé. Le principe de précaution avait été aboli à la première cacahuète. On avait voté le plein emploi, sans obligation de résultat, sans obligation tout court. Le plein emploi, seulement pour ceux qui le voulaient. Puis on avait longuement disserté sur les émoluments des joueurs de foot, finalement plafonnés à 5000 €, une somme correspondant au montant réévalué du Smic, voire même du Salaire pour tous.
Puisque personne dans l'assemblée ne croyait vraiment au hasard, la Française des jeux avait été dissoute en vertu du principe de l'égalité des chances. La sieste était devenue obligatoire, avec mention très bien pour la crapuleuse. C'est à partir de là que l'utopie avait commencé à tanguer. L'interminable, surtout minable, débat sur l'éventuelle interdiction du mariage qui avait glissé on ne sait trop pourquoi sur la nécessité, ou non, du port du soutif, avait scellé cette longue et fougueuse discussion.
Ce soir-là, encore, on avait refait le monde. Sans grand succès.
