C'était là le tout premier concert de sa nouvelle tournée. Cette petite salle de province, d'une certaine façon, essuyait les plâtres d’un spectacle tout neuf. Façonné dans la tradition artisanale, ce plâtre-là ressemblait à celui qu’envelopperait la jambe d’un jeune homme qui aurait mis avec fracas le pied dans la vie d’adulte.
Il y a, dessinés dessus, des cœurs transpercés d’une flèche, des têtes de mort, de celles qui illustrent les gentilles mais sincères injures dans les BD, et une signature, celle de Batlik et de ses « mauvais sentiments ».
Sous ce même plâtre, des douleurs vives, le cri de l'injustice, le frisson du souvenir des grandes plaines, des rages qui grondent, bref, l’expression d’une torture volubile qui montre qu'on est encore bien vivant. Tous ces tourments qu'on voudrait partager.