’ai gardé le secret quelques longues semaines. Je l’ai même caché à ma « moitié ». J’ai gardé ce paquet de liasses de billets dans ma tête comme on dissimule une liaison avec une autre femme. Toutes ces années de vie commune pour finalement tout garder pour soi. Combien de fois pourtant je l’ai sortie cette vanne pourrie : « - Chérie j’ai gagné au loto, prépare les valises ! – Wahou, tu m’emmènes où ? – Non, tu dégages ! ».
Ses vêtements sont rangés dans le placard, comme d’habitude. Les valises ne sont pas faites, ni les siennes ni les miennes. Peut-être j’ai eu trop peur de tout casser, du jour au lendemain. Ma maîtresse, pendant tout ce temps, c’était mon conseiller financier, de la Banque à qui parler comme dit si bien le slogan publicitaire. Lui seul savait, lui et la Française des jeux. Il m’a harcelé au téléphone, comme jamais. Ou plutôt comme quand j’avais des découverts trop importants au milieu du mois. Et moi je me cachais pour répondre qu’il fallait qu’il me lâche la grappe, que je saurais où le trouver le jour où j’aurais besoin de lui.
Jamais je n’aurais pensé vivre une telle liaison clandestine avec un banquier à demi-chauve…