retard

Adossée au chambranle de la porte, vêtue d’une seule chemise pas boutonnée et trop grande pour elle, elle observe ce joli tableau, émue. La pièce, inondée de la lumière du matin qui pénètre par les hautes fenêtres, ce grand lit blanc où cet homme est allongé, nu, lascif, baigné de soleil. Le tout lui renvoie l’image d’un cadran solaire géant, auprès duquel elle aimerait regarder passer le temps. Mais il est neuf heures, elle a rendez-vous à 45, et sait déjà qu’elle ne partira pas avant 69. Pas avant un ultime concert de sexophone, en duo, de ceux dont la partition est toujours improvisée, jamais réglée par le métronome mais par la mélodie saccadée de leurs gémissements de plaisir. Une fois encore, elle a envie de se mettre non pas à sa disposition mais à ses dix positions comme il aime le lui proposer. Elle s’approche de la fenêtre et tire le rideau. Elle sera en retard à son rendez-vous. Elle s’en fout.

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