Il est tôt dans l'après midi. Je compose le numéro que je connais bien.
-Allô c'est moi.
-Salut fiston.
-Bon, changement de programme, je ne pourrais pas passer tout à l'heure. J'ai planté la voiture.
-Ah bon? C'est pas trop grave?
-Ben justement. Un peu plus que d'habitude. La voiture est morte, et moi…
-Et toi?
-Ben disons que c’est du sérieux. Je me suis tué. Mais je ne l'ai pas fait exprès je te jure.
-Mais comment ça, c'est pas possible ?
-J'ai eu moins de chance que d'habitude. Ca peut arriver à tout le monde.
-Mais qu'est-ce qu'on va faire. On peut venir te chercher?
-Pas la peine, les pompiers arrivent, ils vont me recouvrir d'un drap blanc et m'emmener ; je ne sais pas encore où.
-C'est pas possible, tu peux pas être mort, t'as pas le droit de faire ça. Les autres fois tu n'as rien eu, et là, comme ça…
-J'y suis pour rien j'te dis. C'est pas ma faute.
-Comment je vais dire ça à ta mère. Et à ton frère.
-Je sais pas mais assure. J'aimerais aussi que tu préviennes mon amoureuse avant que les gendarmes ou les pompiers ne s'en chargent. Allez, pleure pas. Fallait bien que ça m'arrive un jour. Arrête de pleurer j'te dis. Parle-moi plutôt : tu crois que c'est drôle ici?
-Tu as mal?
-Pas trop pour l'instant, mais je sens que ça vient. Ca me pèse tu sais. J'en chie rien que d'y penser.
-On doit bien pouvoir faire quelque chose bon sang !
-C'est trop tard. Ne vous en faîtes pas. C'est la vie. Je sais bien que c'est pas marrant mais c'est comme ça. Faudra s'y faire. Bon je te laisse. Il faut que j'y aille. Et en plus, je n'ai plus de forfait. Embrasse tout le monde pour moi. J'essaierais de vous tenir au courant. Je vous aime tu sais.