Comment voulez-vous que je m’en sorte ? Je sais bien que je suis enferré dans cette histoire, que je n’arrive pas à faire le deuil.
J’étais pourtant bien hier. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien. J’ai consulté vingt fois, trente fois mon portable, mais je n’ai pas envoyé de textos pour lui dire et lui redire qu’elle n’avait pas le droit de faire ça.
J’ai fini la soirée à vider des bouteilles et à fumer des clopes avec un mec que j’avais rencontré le matin même. Je lui ai raconté mon histoire, ma vie, mes tourments. On a refait le monde à petites gorgées, dans la fraîcheur de la nuit. Il était bien sympa, mais à chaque fois qu’il prenait la parole, il ne pouvait s’empêcher de sortir un truc du genre, « c’est clair, ça ne doit pas être facile », « c’est clair, on ne devrait pas avoir à vivre ça ». Alors évidemment, ça me touchait en plein cœur. Y’avait pourtant de la compassion, de la compréhension. Au bout d’un moment, je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il arrête de dire des trucs du genre « C’est compliqué la vie, c’est clair, mais dis-toi que ça va passer, avec le temps… ». Il a fini par faire le lien. Mais l’alcool aidant, dans la passion de la discussion, ce mot-là revenait régulièrement dans sa bouche. Alors il s’excusait platement, disait qu'il allait faire gaffe, jusqu’à la fois d’après…
J’avais passé une bonne journée et je me suis couché brassé, comme les autres soirs. Avec ce nœud dans l’estomac qui s'invite pendant des heures. Son soutien ne m'a finalement pas été d'un grand secours. En même temps, ce n’est pas de sa faute à lui si elle s’appelle Claire et qu'elle est partie…