Elle vient de glisser une pièce de deux euros dans le monnayeur et s’active à nettoyer cette voiture qui n’est même pas la sienne. C’est celle de son mari.
La pression qui sort de ce manche fait sauter les moustiques et les tâches de goudron accumulées depuis quelques semaines sur la carrosserie. Dans la torpeur de l’été, enveloppée des vapeurs du Karcher aux couleurs de l’arc-en-ciel, un souvenir lui revient en mémoire. Celui du jour où elle devait retrouver son amant dans un petit coin de nature. Elle se revoit hésitante, au sortir du lit, rongée par la peur. Sa raison l’affolait. Ce n’était pas elle. C’était contraire à ses valeurs.
Mais l’envie, le besoin, l’amour… Elle s’était jetée sous la douche, si peu sereine. Et sa raison avait coulé avec l’eau de la douche. Elle s’était finalement décidée à y aller, légère. Et n’avait pas regretté.
Ce nettoyeur haute pression à la main, peut-être lavait-elle là le fruit de sa culpabilité ?