compétences

Ça devait bien finir par arriver. Deux mois déjà que le journal pour lequel je travaillais n’avait plus paru. J’ai été convoqué à l’agence Pôle Emploi pour un bilan de compétences. J’ai coché les cases, consciencieusement, répondu à toutes les questions, honnêtement. Devant moi, celui qui sera désormais mon conseiller s’agitait devant sa pile de dossiers. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner, et j’avais l’impression que ses réponses n’en étaient pas.

Une fois toutes les cases cochées, l’ordinateur s’est mis en branle. « Ça va prendre quelques instants », m’a prévenu mon conseiller. Il avait l’air blasé. Est-ce qu’il l’avait fait, lui, son bilan de compétences pour avoir sa place à Pôle Emploi ? L’ordinateur a laissé s’échapper un petit bip : j’allais enfin connaître le sort que les professionnels du chômage me réservaient. Il a cliqué et recliqué, a tourné son écran vers moi et m’a montré la liste de métiers qui correspondaient le mieux à mon profil : en numéro un, gérant de pressing ; en numéro deux, vendeur en animalerie… J’ai été pris d’un petit rire nerveux. On a calé un rendez-vous pour le mardi suivant. Chaque semaine, je me débrouille pour repousser l’entrevue. Et je ne parviens pas à réprimer ce petit rire nerveux dès que je passe devant une laverie automatique.

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