s'affranchir

Notre horloge interne avait dû s'arrêter sous l'effet du vin rouge. Nous en étions là de nos tergiversations. Nous en étions las. Au près de nos paroles en l'air, seule une respiration régulière et sereine venait rythmer nos esprits enfumés.

J'avais crânement proclamé l'idée que le couple n'était finalement qu'un délicieux malentendu. Lui m'intimait la nuance selon laquelle il pouvait être une tristesse heureuse. Nous ne tomberions pas parfaitement d'accord ce soir. D'ivresse peut-être, mais pas d'accord...

Alors nous avons unanimement, à deux c'est plus facile, opté pour un choc de simplification. Il fallait résolument en finir avec cette incompatibilité sexuelle et genrée, tabasser les tabous, noyer les conventions, briser les portes de verre qui nous enfermaient toutes et tous, en un mot, s'affranchir. Une dose de cognac dans chacun de nos verres furent nos premières, et entières, mesures. Il serait temps, demain, d'affiner nos positions respectives. Ou pas.

À portée de main, et de mots, de ce débat sans soif, la seule femme de cette assemblée informelle et somme toute très confidentielle, dormait paisiblement. Sans doute rêvait-elle à des lendemains, au demeurant, plus tristes.

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