autoroute

C'est vrai que cela peut paraître confortable. Il suffit de poser le coude sur la glissière de sécurité, bien calé sur la voie de gauche et d'enquiller la route, sans se soucier de qui arrivera en face. Il n'y aura personne, en face. Un court arrêt pipi en cas de besoin, une pause café sous les néons, un plein de carburant de temps à autre. Un petit nettoyage de pare-brise, au pire, pour y voir plus clair. S'arrêter trente secondes, insérer sa carte bancaire pour pouvoir aller voir plus loin dans la vie, sans risque.

On ne se rend même pas compte de ce qu'on rate, à ne parler qu'à des automates et des distributeurs de jus de tomate.

Les chemins de traverse sont tellement plus riches, de tout. De belles rencontres, de discussions qui peuvent ne pas finir, de plaisirs inédits, d'instants de grâce. Sincèrement, que risque-t-on à marcher avec légèreté au milieu des cyclamens plutôt que de suivre sans but réel le ruban de l'autoroute ?

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