sans les mains

Il contemplait ces petits doigts potelés et endormis dans sa paume et fit un bond de 12 ans et des poussières en arrière.

Il se revit dans la lueur des quelques bougies dispersées dans ce tout petit appartement, en noir et blanc, comme sur les photos au grain épais. Il était là, allongé sur un matelas pour une personne, avec une fille. Ils venaient de se dire l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre, sans même prononcer un mot, rien qu’en se regardant. Chastement, ils se tenaient les mains, enlacées devant leurs visages dont ils sentaient le souffle chaud, dans la pénombre, allongés sur le côté, l’un en face de l’autre. Il ne se souvenait plus qui avait commencé à embrasser la main de l’autre, mais le souvenir de ces baisers était doux. Trois petits mots avaient scellé leur vie. Trois petits mots qu’il se remémorait à présent : « Sans les mains… ».

sans les mains