vapeur

Il n’était pas arrivé sur un cheval blanc, ni avec un blouson noir juché sur une grosse moto. Il avait surgi à l’heure de la débauche, le vendredi en fin d’après-midi, devant la sortie du personnel, au volant de sa voiture pourrie. Elle s’était installée sur le siège du passager, à peine coupable. Elle avait succombé à ce texto de quelques mots qui avait sonné comme une proposition déraisonnable mais tellement prometteuse. En voiture, ils avaient éteint leurs téléphones portables. Trois petites heures plus tard, ils entraient nuitamment dans la maison que lui avaient laissée des amis à lui, partis en voyage à l’autre bout du monde.

Le lendemain matin, assis l’un en face de l’autre, en silence ils regardaient s’échapper les volutes de vapeur de leurs bols de thé. Un plaisir indicible se lisait sur leur visage. Pendant encore une nuit et deux jours, ils allaient s’aimer. Ensuite seulement, elle rentrerait chez elle, retrouver son mari et ses enfants. Ensuite seulement, il rentrerait chez lui, retrouver sa femme et ses enfants. Tous deux savaient qu’il faudrait alors parler, ou se taire. Mais sans se le dire, ils s’étaient interdit d’y penser pendant quelques dizaines d’heures encore.

vapeur