C’était là qu’elle avait entendu pour la première fois le silence. Sous ce plafond de verdure elle venait perdre ses mots, depuis son enfance, dans le feulement des feuillages.
C’était drôle la façon dont elle avait vu ce paysage évoluer. Petite, elle aimait errer sous ces arbres immenses. Laisser vagabonder ses idées en marchant dans les feuilles humides. Graver ses primes amourettes sur l’écorce.
Le décor de ses jeunes années avait pourtant fini en rondins dans la cheminée. Un seul hêtre vous manque et tout est dépeuplé.
Trente ans plus tard, ce lieu était redevenu le sien. La nature avait repris ses droits. Les arbres avaient repoussé, et elle se sentait de nouveau chez elle. Il ne lui manquait que le silence. Elle avait l’impression que son rêve de petite fille s’était réalisé : celui de voir ces branches peuplées de milliers de grelots pour entendre une douce mélodie. Alors elle se surprenait à regretter le silence.