Ils sont arrivés dans l’enceinte de ce festival par hasard, si tant est que le hasard existe. Elle et lui sont entrés chacun de leur côté. Ils ont erré seuls, perdus dans la foule, au gré de la musique. La torpeur d’août les accablait. Putain ce qu’ils se sentaient seuls, au milieu de tout ce monde. Il s’est offert une bière, est reparti avec son gobelet, cigarette au bec, traînant sa carcasse cabossée en plein soleil. Sous sa casquette, la musique agressait son cerveau absent. Il cherchait dans la foule des yeux qui le regardent.
Elle avançait en regardant ses pieds, son sac en bandoulière. En relevant la tête, elle a vu un chapelet de visages qui ne la regardaient pas. Les basses faisaient boum boum sous son chemisier échancré. Elle n’aimait pas ça.
Au milieu de ces con-génères, leurs regards se sont croisés. Ils se sont reconnus. Eux qui s’étaient aimés voilà quatre ans déjà. Leurs visages se sont éclairés. Ils ont avancé l’un vers l’autre. Ont échangé quelques mots simples, avant de se poser, timides, à distance respectable, devant ces musiciens qui ne jouaient plus que pour eux. Au bout d’un petit quart d’heure, d’un geste naturel, elle a posé sa tête sur son épaule.
Leurs cœurs faisaient des petits bonds de sardine. Ils étaient toujours seuls au monde, mais ils étaient deux. Enfin réunis.