ma belle

Laisse-les dire ma belle, ils ne savent pas. Qu’ils continuent à remplir le coffre de leur auto, direction Palavas-les-Flots, les bouchons en option. Ils ne connaissent pas le bonheur unique de passer les frontières au son du bicylindre. Ils n’ont jamais ressenti les langoureuses courbatures du long voyage sac sur le dos, la nuque raide, le casque lourd, la poignée dans le coin.

Ils n’ont aucune idée du fourmillement extatique que procure la fraîcheur qui envahit l’entrejambe les soirs d’été, au sortir de la station service. Ils n’ont jamais senti leur corps danser devant le feu rouge au rythme de ce V-Twin sans prétention. Ils ne connaissent pas le bruit de la rupture qui précède la courbe bien négociée, ni le cliquetis des moustiques sur la visière.

Ils n’ont aucune notion de la zone rouge. Ils n’ont jamais éprouvé la sensation du plaisir assouvi quand on déploie la béquille au bord de la Loire, les jambes en coton, des virolos plein les mirettes.

Ils ne savent pas ce que c’est, ma belle, il faut leur pardonner.

ma belle